Sanctus Ignis (NTS)
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- Second Sight - 6:07 Adagio est le projet du guitariste Stephan Forte, et pour mener à bien cette expérience, il s'est allié avec Franck Hermanny (bassiste), Dirk Bruineberg (le batteur d'Elegy), David Readman et le claviériste de Majestic, Richard Andersson. En réalité, la question que je me suis surtout posée en mettant le CD dans la platine en tant qu'amateur de Pink Cream 69 est "De quelle manière David Readman va t-il chanter sur un album de métal néoclassique alors que son registre est plus traditionnel, voir AOR ?". Il est clair qu'il est déjà responsable en majeure partie de la bonne forme artistique de Pink Cream 69 depuis son arrivée en remplacement de Andy Deris (Helloween). On connaît pourtant bien les grandes capacités vocales de ce chanteur et pourtant la surprise est tout de même là : un modèle d'adaptation à un genre un peu difficile tant la qualité des chanteurs du style est élevée, que ce soit Russel Allen (Symphony X), les chanteurs de Malmsteen (J.S. Soto, Joe Lynn Turner ) ou ceux des albums d'Axel Rudi Pell (Rob Rock, Johnny Gioeli ). En fait c'est bien dans un style proche de Russel Allen que David Readman interprète Sanctus Ignis, et il ne s'agit pas une pâle imitation mais bien une performance exceptionnelle. Il magnifie les mélodies et le plaisir que l'on éprouve à l'écoute de l'album émane en partie du travail sur le chant. La structure principale de l'album est tout de même très instrumentale avec une construction assez difficile à appréhender. Nous aurions pu nous attendre de la part d'un guitariste qui a entièrement composé l'album à beaucoup moins de sobriété, et pourtant, la densité en solos n'est pas spécialement élevée et laisse une bonne latitude aux autres protagonistes de l'affaire. D'ailleurs le son de la guitare rythmique est la plupart du temps en retrait, probablement pour laisser le champ libre au tandem basse/batterie et privilégier les ambiances générées aux claviers. La seule véritable objection que je formulerais vis à vis de la production de Denis Ward, c'est que le son de batterie est un peu trop synthétique, à la manière des groupes de métal mélodique nordique. Cela ne me paraît pas être le meilleur choix pour ce genre de compositions et rend peu hommage au talent de Dirk Bruineberg, qui aurait été bien mieux mis en valeur avec un son plus acoustique. Le style de Adagio ? Assez proche de Symphony X avec d'étranges structures sur les titres les plus progressifs (The Inner Road, The Stringless Violin) comme ce que l'on peut trouver dans le Awake de Dream Theater. D'ailleurs la guitare rythmique rugueuse sonne un peu comme celle de Petrucci. Les influences classiques sont surtout évidentes lors de passages un peu à la manière du V de Symphony X : la séquence instrumentale/symphonique de la pièce maîtresse de près de 12 minutes, Seven Lands Of Sin, en est le parfait exemple. Parfois d'autres influences apparaissent furtivement comme l'intro et la mélodie orientale de l'instrumental Order Of Enlil. D'un point de vue plus personnel, je pense que la musique orientale est un riche filon encore bien timidement exploité par les groupes de métal, où seuls Avalon, Uli Jon Roth, Orphaned Land, voir Kamelot semblent y avoir porté sérieusement de l'intérêt. Dans ce disque musicalement dense, nous pouvons remarquer que certains passages aux structures plus académiques arrivent souvent à point nommé pour éviter que l'auditeur ne se perde dans les méandres de l'album. C'est surtout le cas avec In Nomine, une chanson fabuleuse qui est un peu le "Out Of The Ashes" de Adagio. En clôture de l'album, l'instrumental Immigrant Song est en effet une adaptation du titre tiré du Led Zeppelin III, mais seulement reconnaissable à son rythme lancinant car cette pièce musicale est parfaitement intégrée au reste de l'album. Là
où beaucoup se complaisent dans du sous-Malmsteen, Adagio sort
nettement du lot avec Sanctus Ignis. Ce disque n'est donc pas parfait,
non
mais quelle réussite ! Ce qui n'est encore qu'un projet
prendra prochainement la route pour une tournée avec Symphony X,
et il se pourrait qu'il devienne alors un véritable groupe, et
les travaux sur le prochain album seront dans ce cas engagés avec
des perspectives bien différentes. En attendant, Sanctus Ignis
est déjà un étonnant départ, dans un style
dont on pensait que la barre avait été placée beaucoup
trop haute pour encourager une quelconque tentative crédible dans
le créneau. Il n'en est rien. Titre
Favori : In Nomine... Adagio
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