Hammerfall
Interview
Joacin Cans et Oscar Dronjak
Le 13 septembre 2000

Pour le lancement de l'album Renegade, Joacin Cans et Oscar Dronjak, respectivement chanteur et guitariste du groupe suédois Hammerfall, étaient de passage à Paris où nous les avons rencontré.

Jérôme : Pouvez-vous nous raconter comment le groupe a débuté ?

Oscar : J'ai décidé de former un groupe en 1993 avec des potes comme Jesper Strömblad de In Flames, juste histoire de s'éclater en jouant les trucs que l'on aimait. En 96, Joacim nous a rejoint, ça a donc pris une tournure plus sérieuse et nous avons commencé à chercher un label et nous avons enregistré Glory To The Brave... Si tu veux, il y a une biographie sur le site officiel, elle est assez complète.

Jérôme : Et ce 1er album a bien marché ?

Joacim : C'est difficile à vraiment évaluer, mais à peu près 150000 exemplaires de Glory To The Brave ont été vendus, donc…oui !

Jérôme : Pour Renegade, avez-vous des objectifs particuliers ?

Joacim : Ce n'est pas vraiment en termes de ventes que nous nous sommes fixé des objectifs, mais nous avons atteint les 250.000 exemplaires de Legacy Of Kings, ça serait bien de faire encore mieux avec Renegade car cette fois-ci, nous avons investi beaucoup d'argent et rien que pour rentabiliser ça, il nous faut en vendre beaucoup.

Jérôme : Combien coûte la production d'un tel disque avec un producteur connu ?

Joacim : En fait, le producteur peut prendre de 4 à 8% sur les royalties, c'est une chose très courante. En plus il y a les frais de studio aux USA qui sont nettement plus élevés qu'en Allemagne, du genre 1500 à 2000 $ (8 à 12.000 FF environ) par jours avec le personnel inclus. Ca fait une belle somme, mais en ce qui concerne le premier album, il a du revenir à 10.000 marks (~35.000 FF) alors que là, il s'agit d'un investissement d'environ 170.000 marks (~570.000 FF).

Jérôme : Combien coûterais donc l'enregistrement un premier album dans des conditions correctes pour un groupe qui débute ?

Joacim : Si le groupe s'auto produit, en Allemagne, on peut se débrouiller avec 10.000 Marks (~35.000 FF), mais il faut être très bien préparé avant de commencer les sessions d'enregistrement. Si tu te pointe en studio sans trop savoir quoi faire, tu vas avoir des problèmes : Il vaut mieux perdre du temps chez soit à travailler et composer et que tout soit fin prêt pour enregistrer sinon, c'est le meilleur moyen de faire un bide au niveau du budget.

Jérôme : Dans quel pays Hammerfall a le plus de succès ?

Oscar : En Allemagne avant tout, où nous marchons très fort, et dans notre pays, la Suède. En fait, dans les autres pays, les ventes ne sont pas systématiquement représentatives de la notoriété du groupe, nous nous en apercevons lorsque nous sommes en tournée. Par exemple en Espagne en France, ou en Amérique du Sud, nous vendons peu de disques par rapport aux places de concert.
Jérôme : Les concerts sont plus rares dans ces pays, non ?
Joacim : oui, c'est vrai. Tous les groupes viennent jouer en Allemagne, comme par exemple avec les groupes américains qui ne tournent même pas dans leur pays et sont très présent là-bas. A partir de là, les fans doivent faire des choix car il est difficile de pouvoir aller à tous les concerts. Il arrive souvent qu'en peu de temps on puisse voir Hammerfall, Iced Earth et Helloween, et plein d'autres groupes, alors qu'en Amérique du Sud, du moment que c'est un concert de métal, tout le monde y va.

Jérôme : quels sont les groupes qui vous ont le plus influencé ?

Oscar : C'est difficile à dire. En fait, la plupart des groupes de Heavy Metal des années 80 comme Accept, Judas priest, Helloween
Joacim : la liste est très longue !
Jérôme : et quels sont vos groupes "actuels" préférés ?
Oscar : Beaucoup ! Tous les groupes qui ont des influences communes aux notres en fait.
Joacim : C'est vraiment une question difficile, il y a tellement d'aspects différents dans la musique et chaque groupe à une particularité plus ou moins marquée.
Oscar : Je pense que si Hammerfall sonne comme ça, c'est que nous avons été influencés par beaucoup de chose. Par exemple, je peux dire que nous avons été influencés par Metallica, et pourtant ce n'est pas particulièrement perceptible dans notre musique.
Joacim : C'est aussi pour cela que dans chaques albums de Hammerfall il y a beaucoup de variété, avec des chansons rapides ou des ballades, des chansons ayant une structure commune à Accept et d'autre à Judas Priest. Mais ça reste dans tous les cas du Hammerfall.

Jérôme : Vous avez écouté le nouvel album de Iron Maiden ? Que pensez-vous du retour de Bruce Dickinson ?

Joacim : j'ai écouté quelques titres, mais le truc c'est que nous sommes très contents du retour de Bruce Dickinson dans le groupe.
Oscar : Je dois toujours l'acheter, je n'ai entendu que le single à la radio. Comme Joacim vient de le dire, le retour de Bruce est une grande chose, il est indissociable du groupe.
Joacim : Une critique que je pourrais faire, c'est qu'il y a trop de guitaristes dans le groupe. J'ai un bootleg du concert du Dynamo Open Air 2000, il y a vraiment un mur de guitares.
Oscar : C'est vrai sur le bootleg, mais je pense tout de même que Iron Maiden peut exploiter ça de manière très intéressante sur album, et je crois qu'ils savent ce qu'ils font, ils ont prouvé qu'ils savaient réagir quand ils prenaient une mauvaise direction.
Joacim : L'album est un succès monstrueux dans le monde entier avec le come-back de Bruce, c'est très encourageant, ça veut dire que personne n'a oublié le Heavy Metal.
Jérôme : Un come-back est toujours plus facile avec un très bon album
Joacim : Les gens vont beaucoup aux concerts pour entendre les anciennes chansons avec Bruce.
Oscar : C'est certain que si tu reviens avec un mauvais disque ça ne marche pas, mais je crois tout de même que le nouvel album ne représente pas autant de choses aussi fortes que les anciens.
Joacim : Dans un sens, ce retour est très bon pour tout le Heavy Metal en général car il génère beaucoup d'attention des médias.
Oscar : Même la presse en Angleterre s'est réveillée car il était de moins en moins question de métal dans ce pays.

Jérôme : A ce sujet avez-vous déjà entendu parler de Dragonheart ?

Oscar : non…
Joacim : J'ai lu plein de trucs au sujet de ce groupe. Je n'ai pas encore plus écouté la démo car je n'ai qu'un modem classique pour me connecter sur Internet et les MP3 du site seraient trop longs à télécharger.
Jérôme : Et donc, ce groupe vient de Londres de même que Shadowkeep.
Oscar : Vraiment ? Intéressant !
Joacim : Je crois qu'ils n'ont pas encore de deal avec une maison de disque, non ?
Jérôme : C'est probablement une question de temps.
Joacim : En tous cas, tout l'underground en parle, ça ne va sûrement pas tarder.
Oscar : C'est vraiment bien que de jeunes formations émergent là-bas, il y a sans aucun doute un regain d'intérêt pour le Heavy Metal dans ce pays.

Jérôme : Que s'est-il passé avec Patrick Räfling, votre ancien batteur ?

Joacim : Sur scène, Tu as deux manières de faire : Tu joues simplement que tu dois jouer ou tu t'éclates, tu développes le contact avec le public et tu fais le show, même assis derrière une batterie. Patrick donnait toujours l'impression de s'ennuyer derrière ses fûts.
Oscar : Tu sais, quand tu es un dans Hammerfall mais que ce n'est pas ta priorité numéro un dans ta vie, et que tu ne t'éclate pas en tournée, il faut arrêter. C'est valable dans tout ce que tu fais : si tu ne t'amuse plus, vaut mieux passer à autre chose. Patrick semble plus heureux maintenant.
Joacim : D'ailleurs il ne joue plus. Il travaille dans une usine avec sa copine. S'il trouve son bonheur comme ça, si qui que ce soit trouve le bonheur, même en restant à regarder la télévision, et bien pourquoi pas. Etre heureux, c'est tout ce qui compte, je suis donc content pour lui.
Oscar : D'un point de vue personnel, il nous manque beaucoup, car c'est un gars super. En ce qui concerne le nouveau batteur, Anders Johansson est nettement plus "live".
Joacim : C'est plus qu'un batteur, c'est un véritable animateur et sur scène, il s'éclate, et c'est très communicatif. Il a de plus beaucoup d'expérience (Rem : avec, entre autres, Yngwie Malmsteen et son frère Jens, le claviériste de Stratovarius).

Jérôme : Pourquoi avoir choisi Michael Wagener comme producteur et que pensez-vous de sa manière de travailler par rapport à ce que vous connaissiez auparavant ?

Joacim : Avec Fredrik Nordström, avec qui nous avons co-produit nos deux premiers albums, nous pensions avoir atteint nos limites, et il nous fallait quelque chose de plus pour franchir une nouvelle étape. Nous avons donc décidé de faire appel à un producteur de grande renommée. Nous cherchions davantage un guide qui puisse vraiment nous orienter, nous conseiller dans la manière de jouer, de chanter, pour nous améliorer. Michael a produit tellement de disques de grand groupes tel que Skid Row, Accept, Alice Cooper, et le fameux Master of Puppets de Metallica et a travaillé avec tellement de musiciens talentueux que nous avons pensé qu'il pouvait, de part son expérience, beaucoup nous apporter.
Oscar : D'un autre côté, on avait vraiment la trouille de se retrouver avec un producteur américain. On imaginait des trucs du genre : "Je suis le producteur, j'ai vendu 20 millions d'albums alors vous aller m'écouter".
Joacim : Nous étions tous nerveux quand nous sommes arrivés à l'aéroport, et c'est alors que nous avons vu ce petit…
Oscar : (rire)
Joacim : …homme (rire), ce ne fut pas vraiment un coup de foudre, mais il s'est rapidement instauré un respect mutuel.
Oscar : Ce mec est cool. Il est très pragmatique, il a les pieds sur terre et a une grande capacité d'écoute. Nous avons travaillé dans de bonnes conditions, nous nous sommes même bien amusé. Le résultat nous satisfait pleinement.
Joacim : Il était très ouvert à nos idées. Il n'est pas intervenu sur nos compositions, il pense que chacun doit faire ce qu'il a à faire et c'est comme ça qu'il a su tirer le maximum de nous tous. La plus grosse différence avec les précédents albums ce n'est pas tant dans les conditions que dans la méthode avec laquelle nous avons enregistré le disque. Pour les deux premiers, nous avons enregistré la batterie, la basse, les guitares, les solos puis le chant, alors nous étions obligés de respecter la durée de chaque étape avec le risque de ne plus avoir le temps pour le mixage. Alors que cette fois, nous avons travaillé tout en même temps, ce qui a son importance car en ce qui concerne le chant, tu as plus de temps pour récupérer, et donc tu es toujours à 100% de tes capacités, et ça s'entend.

Jérôme : il y a un gros travail au niveau des guitares aussi…

Oscar : nous voulions définitivement tourner la page avec Legacy Of Kings, qui était un peu trop aseptisé. Cette fois-ci, le son est plus live, et chaques chansons a un son de guitare différent. Le but était d'avoir le son des 80's avec la puissance des 90's. Michael a fait, pour chaques parties, différents mixages pour voir comment mettre les mettre en valeur, il a vraiment fait du bon boulot.

Jérôme : Joacim, quelles sont tes sources d'inspiration pour les textes des chansons ?

Joacim : C'est avant tout des paroles très "heavy Metal". Je voulais raconter une histoire dans chaques chansons, pour que notre public s'identifie aux thèmes développés. Ces thèmes peuvent être actuels ou directement issus du moyen age, tout en gardant des connections avec notre époque.

Jérôme : Oscar, tu as une chanson préférée ?

Oscar : Non…en fait, je les aime toutes. Chacune représente beaucoup de travail, de temps, et surtout, elles sont toutes très différentes et ces 10 chansons forment un tout avec l'album, donc…non, je n'arrive pas à en trouver une.

Jérôme : Et toi Joacim ?

Joacim : Il y en a une que j'aime particulièrement, et c'est "The Way of The Warrior". C'est certain que nous avons tous travaillé dur sur chaque chanson, mais là j'aime le groove, le solo de guitare, le feeling de cette chanson, les textes, les mélodies, le refrain aussi…bref, j'adore !
Jérôme : haaa…moi aussi, j'adore ce titre, je trouve qu'elle ressort vraiment dès la première écoute de l'album.
Joacim : Parfois, le fait qu'un titre ressorte plus que d'autre, c'est dû à sa disposition dans l'album. Si une chanson rapide et Heavy est après une ballade, elle ressortira davantage. Cette chanson, c'est en tous cas ma préférée pour l'instant, car parfois, certaines ressortent différemment sur scène.

Jérôme : Pourquoi avoir choisi Renegade comme single ?

Joacim : Au début, on avait prévu Templar of Steel car elle s'adresse davantage aux fans mais beaucoup de personnes après avoir écouté les pré-productions ont préféré Renegade car elle est facilement mémorisable. Le producteur nous disait que tout les matins, lorsqu'il se levait, il fredonnait Renegade. De plus, c'est une chanson qui convient mieux si tu veux faire une vidéo où la faire passer en radio, alors que Templar of Teel est plus destinée à un public métal.

Jérôme : Et en ce qui concerne un vidéo-clip ?

Joacim : C'est fait ! Un super truc avec des extraits live dans une grotte entrecoupés de séquences formant une histoire, un vrai film d'action. Des cascades, des effets spéciaux... c'est à mon avis, un concentré de Heavy Metal, le clip ultime dans le genre.

Oscar : C'est tellement spectaculaire, que tu finis même par en oublier la musique.

Jérôme : Hammerfall au Zénith avec Stratovarius à Paris…avez-vous des précisions ?

Joacim : Tu en sais peut-être plus que nous !
Oscar : En fait, il s'agit juste d'une idée pour le moment. C'est certain que ça serait génial, mais rien n'est confirmé pour l'instant.
Joacim : Ca serait un show en dehors de la tournée, un peu particulier en fait, car nous comptons faire la tournée en tant que Headliner.

Jérôme : Quels seront vos projets pour l'année qui vient ?

Joacim : Une tournée, principalement. Entre janvier et mai probablement.
Oscar : Oui, et nous feront les festivals, comme le Wacken Open Air, et après, peut-être que nous commenceront à bosser sur le prochain album.
Oscar : De toutes façons, nous passerons par la France en janvier ou février, c'est promis !

Jérôme : Une idée pour le groupe qui va ouvrir pour vous ?

Joacim : Virgin Steele !
Jérôme : whoaaa, j'adore ce groupe !
Oscar : Oui, ils sont même confirmés. Cette affiche va être très intéressante car Virgin Steele est une légende pour nous.
Joacim : Oui, "a legend reborn" (rire).
Oscar : Ce fut génial que ces musiciens avec tant d'expérience acceptent d'ouvrir pour nous. Nos deux formations vont en bénéficier car les styles de nos deux groupes sont musicalement très différents mais restent dans le même esprit "Heavy Metal". En plus ils sont hyper sympas, je pense que l'on va vraiment s'amuser.
Joacim : Il y aura probablement un autre groupe aussi, mais rien n'est encore décidé. Nous avons conscience que le prix des billets de concert restent élevés et nous allons tout faire pour que les fans qui viendront ressortent ravis de cette vraie "fête" du Heavy Metal.
Jérôme : En tous cas, c'est une très bonne chose car Virgin Steele est très peu connu chez nous.

Jérôme : Je n'ai plus de questions, alors je vous souhaite beaucoup de succès avec Renegade la tournée.

Oscar : Merci, et rendez-vous sur la tournée !
Joacim : On ira voir ton site ! (Rem : Je vais devoir mettre une bonne note à l'album :-)).

 

 

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